Sotheby’s fait recette à Paris

[2017年06月13日]

Paris est une place de marché hautement qualifiée pour la vente d’oeuvres d’art. Face à un marché hyper-concurrentiel et une globalisation de la demande, la capitale française tire bien son épingle du jeu, avec des chefs-d’oeuvre absolus de l’art du XXème siècle qui ont valu quelques coups de marteau impressionnants la semaine dernière sous la houlette de Sotheby’s.

Les collectionneurs en quête d’oeuvres puissantes, de valeurs sûres et de prestige, étaient présents physiquement ou connectés sur la vente du soir organisée par la maison de ventes Sotheby’s le 6 juin dernier, une vente générant plus de 26,3 millions d’euros, après les 5,3 millions enregistrés la veille pour la vente d’art contemporain de journée. Au top de cette semaine de ventes parisiennes, le maître de la lumière et de l’Outre-noir Pierre SOULAGES (1919) signait son nouveau record mondial à 6,2 millions d’euros (6,8m$), un prix multipliant par deux l’estimation haute pour une majestueuse toile bleue datée de 1962 (Peinture 162 x 130 cm, 14 avril 1962, 162 x 130 cm), ravalée l’an dernier chez Phillips Londres (le 09 février 2016) et cotée moins de 300 000 euros en 1990 (c. 337 000 $ le 6 décembre 1990 chez Sotheby’s à Londres). Dix enchérisseurs se sont disputés l’oeuvre pour l’emmener à un prix plus conséquent que le précédent sommet établi en juin 2013 pour une toile plus grande, également vendue chez Sotheby’s mais à Londres (Peinture, 21 Novembre 1959, vendue l’équivalent de 6,7m$ le 26 juin 2013). Ce record advenait dans une belle synchronicité avec le vernissage de l’artiste inaugurant sa nouvelle galerie Emmanuel Perrotin à Tokyo le 7 juin (l’exposition se poursuit jusqu’au 19 août 2017). L’artiste vivant français le plus coté se voit porté au firmament des prix par l’action concomitante des enchères et le travail de diffusion internationale mené par ses galeries. Rappelons que l’indice de prix de Soulages affiche une progression de 484% depuis l’année 2000, si bien que 100 $ investis en 2000 dans une oeuvre de Pierre Soulages valent en moyenne 584 $ aujourd’hui.

La ruée sur l’abstraction du XXème siècle s’est poursuivie avec une puissante toile de 1962 par ZAO Wou-Ki, partie un million au-delà des prévisions optimistes (29/09/64, 66,5 x 95 cm, change de mains pour 3,64 millions d’euros soit 4,1 m$), une envolée légitime en regard du nouveau record absolu de l’artiste emporté 10 jours plus tôt à Hong Kong, à hauteur de 19,6m$ pour une toile dans la même veine mais de dimension beaucoup plus importante (29/09/64, 230 x 345 cm).

Succès probant également pour Jean DUBUFFET (1901-1985), dont le Paysage gris aux taches cerises(1949) signait le troisième meilleur coup de marteau de cette vente Sotheby’s : le prix final frais inclus grimpe à 1,9 millions d’euros (2,17m$) pour cette toile au pedigree irréprochable passée par les galerie Pierre Matisse et Acquavella à New York, dont il s’agissait du premier passage en salle de ventes. Les prix de Dubuffet se voient révisés à la hausse depuis l’année 2010, avec un indice en hausse de +90% sur les sept dernières années. Les œuvres bien datées réservent régulièrement de belles surprises aux vendeurs, à l’image de l’oeuvre Personnage (buste) réalisée en 1962 et partie largement au double de l’estimation haute le même jour (295 500 euros soit 414 000$).

Les grands artistes français bénéficie actuellement d’une belle dynamique générale : les œuvres de Robert Combas ont notamment doublé, triplé voire quadruplé leurs estimations le 7 juin, avec un sommet pour une toile sans titre de 1989 emportée plus de 81 000 euros (91 000$), tandis qu’une petite huile sur bois de Michaux très bien datée et pourvue d’un solide pedigree (1947, 24 x 19 cm, exposition au Centre Georges Pompidou à Paris et au musée Guggenheim Museum en 1978) suscita une petite émulation : 16 000 euros furent déboursés pour ce petit bijou contre une estimation haute de 6 000 euros.

Sotheby’s sort grande gagnante face à sa concurrente Christie’s pour ces sessions parisiennes de juin. Chez Christie’s, le résultat de la vente d’art contemporain du 7 juin affiche10 millions de moins (16,9 millions d’euros) tout en confirmant, à l’instar des résultats de Sotheby’s, la consécration de la grande abstraction du XXème siècle. En effet, Nicolas de Staël, Jean-Paul Riopelle, Pierre Soulages et Zao Wou Ki emportaient encore les meilleurs coups de marteau…